Eh oui, vingtième édition, déjà ! L’année 2024 va bientôt toucher à sa fin, et mon bilan de lectures est très positif : une belle régularité, de chouettes découvertes, et de nouveaux auteurs chouchou. Je vous retrouve aujourd’hui, comme à l’accoutumée, pour un bilan de mes 3 dernières lectures !

Des maux à dire, Béa Lema*

L’enfance est le règne de l’imagination… Mais pas toujours un conte de fée. Pour Vera, malgré les monstres et les sorcières sortis tout droit de la tête de sa mère, le happy end tarde à venir. Elle se souvient… Les visites chez la chaman pour l’exorciser d’un mystérieux mal qui aurait pris possession d’elle ; sa mère clouée au lit plusieurs jours d’affilée, prétendant qu’un démon la harcèle en tambourinant sur ses nerfs ; le silence imposé à la maison, les jours suivants, pour ne pas réveiller le monstre ; les rendez-vous chez le psychiatre au cours desquels le diagnostic se dessine, année après année… Et puis, face à cette mère abusive, suspicieuse et paranoïaque, traumatisée par son propre père et qui a perdu foi en les hommes, un mari dépassé qui s’efface du foyer à mesure que la maladie mentale de sa femme s’installe.

Ce sublime roman graphique retrace la maladie mentale vécue par une mère, vue par les yeux de son enfant. C’est troublant, puissamment imagé, avec une distance totale entre ce qui est dit, et ce qui est illustré par l’autrice. Patchwork, fils, broderie… je me suis surprise à passer mes doigts sur le papier, espérant sentir le relief tant le graphisme est réaliste. Cette bande dessinée est tantôt douce, tantôt puissante, terriblement bouleversante. Je vous conseille vivement de la lire !

Note : 4/5

L’éveil de Mademoiselle Prim, Natalia Sanmartin Fenollera*

Le monde entier est uniformisé. Non ! Un petit village d’irréductibles résiste encore et toujours en prônant le retour à l’essentiel, la recherche du bien commun et l’épanouissement dans ses passions. « Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d’exercer fonction de bibliothécaire. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaires de diplômes s’abstenir.« 
Mademoiselle Prim, bardée de diplômes et sans expérience d’enfants et de chiens, ne répondait qu’en partie à ce profil… Engagée par un étrange gentleman, aussi cultivé que peu délicat, elle va découvrir la singularité et les secrets du petit village de Saint-Irénée d’Arnois. Loin du monde moderne, les habitants semblent s’être mis d’accord pour faire de leur vie un bonheur permanent. Prudence Prim tombe vite sous le charme de ce paradis perdu et de sa devise : profitez de la splendeur des choses simples de la vie !

J’attendais beaucoup de ce roman qu’un libraire m’avait vendu comme un petit bonbon, empli d’émotion et d’humanité. Si je suis d’accord sur les derniers points, j’ai déploré un style très lourd, des longueurs terribles qui cherchent à étoffer maladroitement cette histoire… qui aurait mérité une narration plus simple. Idem pour les multiples mentions de philosophes, auteurs… qui donnent à ce roman un élitisme que je déplore totalement. En résumé : une jolie histoire qui aurait mérité une narration plus claire !

Note : 2/5

La carte postale, Anne Berest*

C’était en janvier 2003.
Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de voeux, se trouvait une carte postale étrange.
Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme.
L’Opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. Avec l’aide d’un détective privé, d’un criminologue, j’ai interrogé les habitants du village où ma famille a été arrêtée, j’ai remué ciel et terre. Et j’y suis arrivée.
Cette enquête m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre comment ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages. J’ai dû m’imprégner de l’histoire de mes ancêtres, comme je l’avais fait avec ma sœur Claire pour mon livre précédent, Gabriële.
Ce livre est à la fois une enquête, le roman de mes ancêtres, et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque.

D’abord Grand Prix des Lectrices ELLE, puis Prix Renaudot des lycées, j’étais très intriguée par ce roman dont j’ai entendu tant de bien. J’ai adoré le point de départ de l’histoire qui ancre le récit passé dans nos réalités actuelles. J’ai oscillé entre profonde émotion, peur, et bouleversée par cette quête de vérité qui s’installe au fil des pages. A mettre entre toutes les mains – dont celles des plus jeunes !

Note : 4/5

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1 Commentaire
  • Mélopée
    19 novembre 2024

    Merci pour ces avis !
    Je suis bibliothécaire et, si je peux me permettre, je te conseille « Eux sur la photo » d’Hèlene Gestern (« Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte quand elle avait 3 ans, à partir de quelques indices : deux noms et une photographie d’elle avec deux hommes. Stéphane, un scientifique, reconnaît son père. Ils mènent alors leurs investigations dans les archives familiales. Premier roman. Prix René Fallet 2012. ») et « Sinon j’oublie » de Clémentine Mélois (« Un recueil de fictions imaginées à partir de 99 listes de commissions trouvées ça et là, révélant l’intimité de ceux qui les ont écrites. La romancière y décèle des habitudes, des modes de vie, des manies. L’orthographe, la graphie, la qualité du papier révèlent l’appartenance sociale et d’autres nuances, des personnages extrêmement divers prennent corps. Le poétique naît ainsi du prosaïque. »).
    Bonne semaine !